Visite du quartier: la matin

Ca fait bien longtemps que je voulais vous parler de mon quartier, seulement, je n'avais pas de photos pour étayer alors je ne l'ai pas fait... Maintenant, j'ai les photos et je vais donc pouvoir vous raconter mon quartier et ses personnages, ses lieux, son ambiance...


Samedi matin, il est encore tôt mais l'activité de la rue est déjà là depuis plusieurs heures. Des sons variés montent jusqu'à ma chambre: quelques motos, des voix et surtout les "chants" incessants de toutes ces femmes qui achètent cartons, canettes vides et autres trucs à recycler... Leur ritournelle est toujours la même, répétitive, lancinante, ici, on la connaît tous par cœur. Vu que je suis réveillée, je vais donc sortir, comme ça, je ferai le marché. Si vous voulez bien me suivre, je vous emmène...

En sortant de la maison, en face, il y a la grande maison jaune, celle qui a été repeinte juste après notre arrivée, elle met de la couleur dans le quartier, je le trouve plutôt belle. A droite, l'allée 31 se rétrécie jusqu'à se transformer en chemin serpentant entre les maisons, je ne vais jamais dans cette direction, les rues y sont trop enchevêtrées! A gauche, il y a l'épicerie, plutôt un "dépanneur" comme dirait les québécois. La propriétaire des lieux est une drôle de bonne femme, elle ne sourit jamais et persiste à nous monter les prix des rares objets qu'on achète chez elle (cigarettes ou briquet le plus souvent). Je préfère ne pas m'y arrêter car je vais encore faire aboyer son petit roquet qui sert de sonnette!
Juste à côté, à l'angle entre mon allée et la ruelle, on trouve le salon de coiffure. C'est minuscule mais bien tenu. Même à cette heure matinale, les employées s'activent. En ce moment, la patronne est enceinte alors pour faire couper, il faut prendre rendez-vous, mais les jeunes filles restent toujours là pour les shampoings et les massages. En face du salon, et presque en face de mon portail, vous voyez la marchande de pho. Tous les matins, elle prépare la soupe traditionnelle et installe ses petites tables minuscule sous un auvent. Elle s'en ira vers dix heures avec tout son matériel, comme tous les gens du marché. Les gens du quartiers viennent prendre leur petit déjeuner ici. Il y a notamment cette petite grand mère que vous voyez là bas, si petite et si courbée qu'elle est juste à la bonne hauteur sur les tables miniatures. Je ne sais pas quel âge elle peut avoir mais elle paraît si âgée! Pourtant, tous les matins, elle continue à venir prendre sa soupe ici.
Nous arrivons maintenant dans la ruelle, ici commence le petit marché. Il y a les habituels vendeurs, ceux qui sont là tous les jours: la marchande d'oranges au coin à gauche, celle qui me dispute à chaque fois que je n'achète pas mes oranges chez elle. La marchande de poissons juste à côté, avec ses crevettes et ses poissons si frais qu'ils sautent parfois hors de la bassine, si on tourne à droite, il y a plusieurs marchandes de légumes, dont ma préférée: toujours souriante, toujours serviable, toujours gentille. Plus loin, il y a plusieurs tables, les rez-de-chaussée des maisons se sont transformés en restaurants. On y sert du Pho bien sûr, mais aussi du riz, de la viande, des légumes et parfois aussi, de grands bols de sang à peine coagulé. La ruelle est une fourmilière, les oiseaux dans leurs cages n'arrivent pas à couvrir le bruit incessant du petit marché. Les marchands habituels sont tous là: les légumes, la viande, le tofu, tout est frais de ce matin et tout fait envie. Il y a aussi les vendeurs ambulants ou de passage: celui là vend des bananes devant le salon de coiffure, là bas, il y a une jeune fille avec un panier plein de fraises sur son vélo, et encore plus loin, celle-ci transporte son balancier rempli d'ail, de piments et de petits citrons verts. 
Plus tard, tous s'en iront. Il n'en restera que quelques uns: la jeune femme qui fait du Bun Cha et d'excellents Nems lancera ses premières cuissons vers 10h30. La marchande de beignet sera là elle-aussi et elle vendra aux passants ses beignets à la banane, au maïs ou bien aux frites de patate douce. En été, elle ne vient plus, les beignets ne se vendent pas bien. A sa place, il y aura la marchande de jus de canne à sucre, avec son pressoir et ses cannes. C'est le coin des friandises.

Maintenant, nous avons passé le marché, la ruelle s'est bien rétrécie et on se croise à peine en moto. Là, sur la droite, il y a l'épicerie. On y trouve presque tout, à toute heure. La petite grand mère qui la tient avec sa famille est toujours gentille et fière de vendre aux blancs.
J'ai bien fait mon marché ici, je vais passer à la maison déposer mes achats puis repartir de l'autre côté de la ruelle, un peu plus loin, il y a un autre marché. Là bas il y a beaucoup de choix, une petite place et toute une ruelle couverte de marchands. On y trouve même des collants, des théières et divers objets plus ou moins utiles. Ensuite je rentrerai à la maison ranger tous mes achats et profiter de mes légumes frais pour préparer quelque chose pour midi.